mardi 3 juillet 2012

Changer notre approche de la santé

Le défi positif
Résumé d'un entretien avec Thierry Janssen lu dans  la revue KAIZEN,   n° 2, mai-juin 2012 .
"Changer notre approche de la santé, c'est adopter une nouvelle philosophie de vie car
saupoudrer notre vie de bonne pratiques comme  yoga, méditation, alimentation bio... ne suffit pas à transformer profondément notre relation au corps.Il s'agit plus d'un chemin spirituel que de quelques recettes  ".
 Thierry Janssen, dans les années 1990 a tourné le dos a une brillante carrière de chirurgien pour se vouer aux médecines dites alternatives. Devenu psychothérapeute auprès de malades atteints de pathologies psychosomatiques, il nous livre son analyse.
lionel Astruc: Les questions d'hygiène de vie ont un impact fort sur de nombreuses maladies chroniques; nous sommes donc en partie responsables de notre état de santé. Comment expliquer alors que rares sont ceux qui adoptent un mode de vie plus sain?
Th.J: Nombreux sont ceux qui compensent stress et fatigue par la consommation: gras, sucre, médicaments injustifiés, TV, ordinateur... Ils refusent de prendre le risque de changer pour se plier à nos besoins fondamentaux: rythme apaisé, sommeil, alimentatio saine, activité physique. Ils sont "loin d'eux-mêmes", paralysés par le besoin de confort matériel, prisonniers.Et  le frein devient physiologique car le cerveau qui gère les émotions se désactive. Le stress devient sa norme et c'est le repos qui  devient source d'angoisse.
L.A: C'est un déni de soi-même?
Th.J:Oui;car notre culture a placé l'humain au dessus de la nature. Il est censé la maitriser; une illusion de toute-puissance avec notamment l'inconfort de la mort que l'on tente d'occulter par tous les moyens. Contre l'inconfort , même momentané, on fait appel à la consommation.: des tranquillisants, un verre, une friandise, une heure de télé... Ce mode de vie est pathogène et polluant.Nous nous croyons victimes de l'extérieur et les contraintes familiales ou  professionnelles nous servent souvent de prétextes.
L.A: le système de santé participe à cette déresponsabilisation?
Th.J: oui. Et surtout en France où la Sécû nous prend en charge quelque soit notre hygiène de vie!On rend l'Etat responsable comme devant faire le bonheur des individus. Alors, pourquoi changer? L'assistanat de la sécu va à l'encontre de l'esprit des médecines alternatives.
On entretient une relation biaisée avec le médecin; le malade est une "victime", il est infantilisé Ce n'est pas un hasard si les français sont les plus gros consommateurs de médicaments au monde!
L.A: Comment les citoyens peuvent-ils s'émanciper de ce système et avoir une approche plus responsable?
Th.J: Chacun doit prendre conscience qu'il fait partie de la nature, il en est un élément comme les animaux, les fleurs,les arbres , il est soumis aux cycles des saisons,( plus fragile en hiver qu'en été par exemple),il doit dormir suffisamment, avoir l'humilité de reconnaitre ses limites etc. Ces connaissances devraient s'acquérir à l'école car elles sont essentielles; Connaitre son corps, ce n'est pas juste savoir que le foie est à droite mais sentir quand on est tendu... Nous sommes un ensemble et l'état émotionnel rejaillit sur les maux physiques.
L.A: Outre sensibiliser les plus jeunes, comment se libérer de nos addictions?
Th.J: Il faut faire de vrais pas vers le changement.  Les conseils sont souvent trop doux et proposent un saupoudrage : une pincée de yoga, une d'alimentation ....  Cessons d'être si complaisants! On assiste de nos jours à des compromis invraissemblables comme la compensation carbone que l'on paye pour soulager sa conscience sans changer son comportement! La première étape pour notre santé, c'est de ne pas être dupes, d'avoir une certaine intransigeance avec soi ( sans culpabilité).
L.A: Quels actes au quotidien?  Comment reprendre la main sur notre santé?
Th.J/ Prendre du temps pour respirer, "se sentir", marcher 30 mn par jour. Pas se promener en discutant boulot, non, ni écouter de la musique ... Une marche silencieuse où l'on fait attention à tout ce qui se passe autour de soi.  Une certaine discipline est nécessaire. Tenir un journal intime de nos actions, cela permet de faire le point.
L.A: D'autres conseils?
Th.J: Non, car cela reste de petites recettes, des gadgets.  En donner trop laisse croire qu'elles suffisent.  Regardez certains qui critiquent l'allopathie: ils se précipitent sur autant de compléments alimentaires qu'ils consomment de la même manière qu'ils consommaient des médicaments!
C'est l'intention qui importe.  Une spiritualité ( religieuse ou laïque) est essentielle. Mieux connaitre la nature profonde de l'être humain. Une écologie intérieure engageant notre responsabilité et une écologie extérieure en lien avec notre environnement .

NB: Le socle indispensable du contrat entre médecin et patient est la confiance. 75% des gens qui ont recours aux médecines alternatives n'osent pas le dire à leur médecin!! Il y a une défiance réciproque.Cela pose un problème grave car il n' y a plus alors de concertation ente les différents thérapeutes autour du même patient et leurs stratégies peuvent se révéler incompatibles, alors qu'au contraire , elles pourraient entrer en synergie. C'est au patient de faire évoluer cette situation infantilisante. Le patient  devrait idéalement mettre en contact ses différents thérapeutes.
A lire: le défi positif: une autre manière de parler du bonheur et de la bonne santé. Th. JANSSEN, éd. les liens qui libèrent, 2011.

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