Qui a inventé le terme de
« consomm'acteur » ? Le réseau Biocoop peut-être,
mais qu'importe ! La notion est riche : à la fois réaction
à la consommation passive à laquelle nous sommes conviés par la
société et prise de responsabilité par notre acte d'achat: J'AGIS
par mes choix : ce que j'achète, à qui je l'achète, où je
l'achète.
Cesser d'être un pousse-caddy à la
merci des bonimenteurs, quelle satisfaction!Personnelle car je
cesse
alors d 'être manipulé et je retrouve ma liberté et collective:
j'oriente par mes achats des choix politiques.
Comparons deux démarches.
Dans la première, je verse 5€ pour
un pain né de nobles matières premières, respectueux de celui qui
a fait pousser le blé, de celui qui l'a confectionné et de celui
qui me l'a vendu.
Dans la deuxième, je verse 3€ pour
un pain raffiné,sans âme, issu à tous les bouts de la chaîne du
travail d'individus mal payés et non- reconnus.
Comment ignorer la terre dans
laquelle
le blé a poussé,sa matière,son odeur? Comment ignorer le paysan
qui l'a cultivée, ensemencée, qui a l'amour de sa terre et de ce
qu'il y récolte.
Comment ignorer le boulanger - le
même
parfois- qui a sélectionné les meilleures farines, amputé ses
nuits de sommeil pour nous offrir le meilleur ?
Et enfin comment ignorer le
commerçant
qui a choisi son fournisseur et qui est fier de proposer un
produit
dont le prix a été calculé dans le juste respect du travail de
tous les acteurs du circuit?
Rappelons-nous le film de Charlie
Chaplin, «Les temps modernes» qui préfigurait le travail à la
chaîne, sans joie, sans initiative, déshumanisé. Est-ce de ce
pain-là que nous voulons manger?
Des slogans ont fleuri il y a peu
d'années: «Nos emplettes sont nos emplois» ou bien encore
«l'éthique est sur l'étiquette» car, avant de passer à la
caisse, ayons quelques réflexes:Ce pull qui me tente a été
fabriqué où? Quid du travail des enfants ou des travailleurs
exploités dans des conditions indignes et dangereuses? Quid de son
empreinte écologique?Ce gigot qui me tente a vécu comment sa vie
de
future viande? Quid de son alimentation et de sa souffrance?Tel
produit a quel impact sur la santé et sur la planète? Et
l'argumentaire pour me le vendre est-il solide et fiable?
N'est-ce-pas du «greenwashing», cette récupération marketing qui
ripoline tout en vert .Ce verdissement prospère grâce à la
manipulation publicitaire .Il suffit , Mesdames ,de regarder avec
un
peu d'attention les rayons hygiène et cosmétique: du vert, des
arbres, la mer, des fleurs, des galets,n'en jetez plus! Et encore
une
couche de vert si vous n'êtes pas convaincus! Beaucoup de
suggestions assorties de fausses allégations... Lisons les
étiquettes.
Dans les années 80, je me rappelle
d'une campagne contre l'Apartheid; il s'agissait de boycotter les
oranges Outspan et les avocats d'Afrique du Sud récoltés dans les
conditions que vous savez. Ce fut mon premier acte bien modeste de
consomm'actrice; mot ignoré à l'époque mais l'idée que nos choix
,même alimentaires, pouvait avoir une influence politique
émergeait
alors.
On voyait sur les murs de nos villes
cette affiche qui me choquait fort: des presse-agrumes avec une
orange «Outspan» remplacée par le dessin de la tête effarée car
pressée d'un petit enfant noir; et ce n'était pas du jus qui
giclait mais du sang.
Nos achats ne sont pas anodins;s' ils
sont le reflet de notre personnalité et de notre milieu
socio-professionnel , ils peuvent aussi être le fruit d'une
démarche
citoyenne volontaire, un acte éminemment politique .
On peut toujours se dire « bof,
de toutes façons... » et ne rien faire pour influer sur la
marche du monde. C'est peut-être dommage...
Lectures et sites pour aller plus
loin :
Hold up sur l'écologie de S.
Kerckhove
ed, Yves Michel
Je vais en noter d'autres....
Bravo pour cet article!
RépondreSupprimerJe pense souvent qu'il devrait exister des cours pour acheter propre et sain et ensuite que cela devienne naturel, sans effort; les politiques n'en parlent pas alors qu'ils se chamaillent comme des gamins, désolant...
Je me suis permis d'envoyer le lien sur tweeter.
Un grand plaisir ce blog, qu'il continue son cheminement..