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Th.Souccar - Jeudi 14 Mars 2013: Nutrition du bébé : les autorités sanitaires pointent les risques des jus végétaux, mais pourquoi avoir oublié le lait de vache ?
Dans un avis daté du 5 février 2013, l’Agence nationale de sécurité sanitaire
de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) met en garde
à juste titre contre l’utilisation chez le nouveau-né et le jeune
enfant (jusqu’à l’âge d’un an) de laits et jus non adaptés aux besoins
de cette période, en particulier laits et jus végétaux, mais aussi laits
de chèvre et de brebis. Ces aliments, s’ils se substituent au lait
maternel ou aux formules artificielles pourraient en effet conduire à
des carences, retards de croissance voire des troubles sérieux.
N'oublions pas qu'il existe bien sûr des formules végétales parfaitement
adaptées aux besoins des bébés. Mais la curiosité de cet avis,
c’est que pas une ligne n’est consacrée aux risques que court le bébé
qui recevrait du lait de vache normal, qu’il soit écrémé, demi-écrémé ou entier.
Pourtant, ce lait de vache expose les jeunes enfants à des risques réels, au premier rang desquels figure l’anémie ferriprive,
comme le montrent de nombreuses études (1). En effet, le lait de vache
entraîne chez le très jeune enfant une perte de sang occulte par le tube
digestif qui serait due à l’albumine bovine. Le lait de vache et le
lait maternel sont pauvres en fer (de 0,3 à 1 mg/L) mais 50% du fer
contenu dans le lait maternel est absorbé par le bébé, probablement
parce qu’il y a moins de calcium et de phosphore dans le lait de sa
maman, et qu’il contient de la lactoferrine. A l’inverse, 10% du fer du
lait de vache est retenu. L’anémie ferriprive dans les premières années
de la vie peut conduire à des troubles du développement et du
comportement.
Dans
le lait maternel, les protéines représentent environ 7% des calories,
contre 20% dans le lait de vache, surtout du fait de la présence de
caséines en grande quantité (6 à 7 fois plus que dans le lait maternel).
Ces caséines encombrantes ne sont pas adaptées aux capacités digestives
du nouveau-né. En plus les acides aminés taurine et cystine sont
relativement déficitaires dans le lait de vache par rapport au lait
maternel – or ils sont essentiels, notamment chez les prématurés. Le
lait de vache est déséquilibré pour ce qui est de ses teneurs en acides
gras, et il n’apporte pas suffisamment de zinc, de niacine (vitamine
B3), de vitamine C et de vitamine E. Il apporte aussi quatre fois plus
de calcium et six fois plus de phosphate. Une charge excessive en
phosphate est associée à des cas de tétanie du nouveau-né.
Comme l’association entre l’exposition aux protéines de lait de vache
et le risque de diabète de type-1 se renforce d’année en année,
l’Académie américaine de pédiatrie déconseille de donner dans les 12
premiers mois du lait de vache et des laits artificiels contenant des
protéines de lait de vache intactes aux bébés nés dans des familles à
risque.
Pour toutes ces raisons, il ne faut pas donner de lait de vache classique à un enfant avant au moins un an.
Cette mise en garde de bon sens ne figure pas dans l’avis de l’Anses.
Pourtant, on compte dans la littérature scientifique plus de cas
problématiques de bébés ayant reçu du lait de vache traditionnel que de
cas de bébés nourris avec du lait de coco ou du jus de soja, voire du
lait de chèvre – qui sont visés par cet avis.
Il était à parier que cette présentation très tendancieuse autoriserait tous les dérapages sur le mode "les laits végétaux sont dangereux", alors même comme on l'a dit, que les formules végétales ne sont pas en cause. Eh bien ça n'a pas loupé. Le Figaro, qui en général n'en rate pas une, titre ainsi : "Alerte sur les laits de soja pour bébés".
Pour quelle raison a-t-on donc oublié le lait de vache dans cet avis ? Voilà une bonne question à poser aux experts du comité de nutrition humaine qui l'ont rédigé qui l'ont rédigé. Il ne faudrait pas qu'on s'aperçoive un jour qu'ils ont les mêmes fréquentations que les pédiatres de la société française de pédiatrie, à l'origine de ce "cri d'alarme" dirigé contre les boissons végétales. Mais on sait que c'est bien sûr inimaginable.
Source
Penrod JC, Anderson K, Acosta PB. Impact of iron status of
introducing cow’s milk in the second six months of life. J Pediatr
Gastroenterol Nutr. 1990.
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